Le test

Après deux ans de batailles épiques et sanglantes au pays du soleil levant, il est temps de déposer le katana en faveur d’une arme moins noble mais tout aussi efficace : le glaive romain. Effectivement, avec Rome II : Total War, The Creative Assembly nous propose de redécouvrir l’antiquité et ses batailles épiques. Affublé d’un moteur graphique dernier cri et conservant des mécaniques de jeux déjà bien huilées, l’opus semble disposer de sérieux atouts pour s’imposer comme la nouvelle référence de la série. Cependant, les attentes des fans sont extrêmement élevées et le moindre raté pourrait ternir la saveur de cet épisode. Classique en puissance ou pétard mouillé ? La réponse pourrait être un peu plus complexe 

« Je suis venu, J’ai vu, j’ai vaincu »

Pour ceux qui ne sont pas encore initiés (et adeptes) de la série Total War, cette fameuse citation de notre cher Jules résume assez bien le concept des jeux. Dans ce nouvel épisode, il vous est demandé de choisir une faction et de partir à la conquête d’une Europe plus que jamais divisée. L’effort des développeurs pour offrir un contenu très dense est évident. En effet, il nous est proposé de choisir parmi 9 factions différentes (de l’empire romain à l’egypte, en passant par les gaulois pour les plus chauvins). Il est alors possible de conquérir jusqu’à 183 régions, la carte de campagne étant largement plus vaste que celle des anciens Total War (même celle d’Empire qui pourtant s’étalait sur 3 continent fait pâle figure). Les modes de jeux classiques sont bien entendu présents et nombreux. On notera pour la première fois l’apparition d’un prologue pour les plus novices, mais la majorité des joueurs ne s’arrêteront cependant que sur le sacro-saint mode Campagne qui offre à lui seul des centaines d’heures de conquête.

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Le mode campagne s’articule autour de deux phases de jeux bien distinctes. La première phase se déroule sur carte stratégique et s’effectue au tour par tour. Chaque faction doit alors prendre les meilleures décisions stratégiques pour élargir son empire. Les possibilités sont nombreuses et le joueur dispose de nombreuses options stratégiques pour arriver à ses fins. On retrouve par exemple les agents qui permettront d’assassiner un général ennemi, de saboter un bâtiment tel qu’une ferme pour induire une famine ou encore soudoyer une armée ennemi pour que ses soldats rejoignent nos rangs. Les développeurs ont conservé le système de talent qui avait été introduit avec Shogun 2. Les agents peuvent donc gagner de l’expérience et se spécialiser dans une certaine discipline par l’intermédiaire d’un talent. Le gain d’expérience étant beaucoup plus rapide, il est facilement possible d’avoir des agents élites qui jouent alors un rôle déterminant. Une amélioration très appréciable !

Malgré toutes ces options stratégiques, la solution la plus efficace pour s’étendre restera de croiser le fer. On devra alors constituer des armées et les envoyer semer la terreur aux quatre coins du continent. Les différentes unités sont assez classiques mais restent variés. La grande nouveauté concernant les armées réside dans l’apparition de traditions. Au fur et à mesure qu’elle combat, une armée va gagner de l’expérience et va adopter des traditions militaires, c’est-à-dire des bonus ou capacité spéciales. Ce système s’avère particulièrement intéressant car lorsque qu’une armée est détruite, il est possible d’en constituer une nouvelle avec les mêmes traditions. Notre faction développe donc une culture de la guerre qui peut se transmettre sous forme d’héritage. C’est toujours sympa de conserver de tels bonus lorsque notre plus ancienne et valeureuse armée s’est faite massacrée par notre cher voisin.

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Disposant de plusieurs milliers de guerriers assoiffés de sang, il est temps de prendre le contrôle de nouvelles villes pour étendre sa puissance culturel, et surtout économique. La grosse nouveauté de la carte de campagne repose sur la gestion des villes. En effet, des petits groupes de 4 ou 5 villes forment une province. Chaque province dispose d’une capitale, mais aussi de villes secondaires qui ont une importance non négligeable. Si l’on veut imposer sa culture (et s’installer durablement) dans une ville, il est nécessaire de prendre le contrôle de l’intégralité de la province. De plus ce système de province rend la gestion des bâtiments assez délicate. Disposer de deux bâtiments de même type dans la même province est complétement inutile. L’IA a d’ailleurs la fâcheuse habitude de doubler ses bâtiments. Après chaque prise de ville, il faut donc s’attendre à mener des vrais travaux de démolitions qui sont couteux et longs. Paraissant bien pensé, ce système s’avère finalement un peu lourd pour le joueur et il est assez difficile de ne pas être victime de rebellions dans ses propres villes, ce qui a tendance à être agaçant lorsque l’armée la plus proche est à 1500 km, distance assez longue à parcourir à l’antiquité.

La seconde phase de jeux consiste bien évidement aux batailles en temps réel. A quoi bon investir des milliards de deniers dans une armée, s’il est impossible de voir ses vaillants soldats égorger (ou se faire égorger par) notre meilleur ennemi. Il n’y a pas de changement fondamental dans la mécanique des batailles temps réel. Les développeurs ont choisi se poursuivre le travail entamé avec Shogun 2. Les batailles sont donc très rapides, et tout peut se jouer sur une erreur de position. Plus que jamais, le moral des troupes a une importance primordiale. On peut tout de même remarquer que les soldats antiques sont meilleurs cavaliers que les samouraïs, et surtout qu’ils construisent de bien meilleurs armes de sièges. Effectivement, pour la première fois depuis bien longtemps, les armes de sièges sont réellement meurtrières. Même si des nombreux joueurs risque de crier au cheat, il faut avouer qu’il est jouissif de voir un bloc de plusieurs tonnes écraser une quarantaine de soldats et semer la terreur au sein d’une formation tortue. Ce changement radical reste surprenant, les catapultes étant tellement efficace que l’on se demande quoi Napoléon préférait utiliser des canons (qui, de mémoire, ne tuaient jamais plus de deux ou trois soldats par tir dans Empire Total War). On notera également de nombreuse améliorations minimes mais sympathique telles que la possibilité d’utiliser des formations prédéfini par les développeurs (à l’intérêt discutable en bataille, mais on souligne l’effort), ou encore le fait que les unités ont tendance à avoir plus de capacité spécifiques. Pour la première fois, il est également possible de mêler bataille maritimes et terrestres. Les batailles navales de cet épisode ne resteront cependant pas dans les mémoires et on préfèrera utiliser les bateaux comme seul moyen de déplacement ou pour effectuer un blocus commercial sur un port.

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Il faut l’admettre, le jeu semble jusque-là disposer d’un contenu gigantesque et d’une durée de vie infinie. Ce jeu est-il le hit absolu attendu par tous les fans depuis plusieurs années ? Celui qui installera la série sur le trône de reines des jeux de stratégie ? Malheureusement, non …

Plusieurs raisons à cela ! Tout d’abord le jeu n’est pas stable. Les développeurs ont annoncé un suivi régulier et de nombreux patchs, mais qui veut réellement payer une cinquantaine d’euros pour un jeu qui relève plus de la beta que d’autres choses. Ne soyez pas surpris si votre jeu crash régulièrement toutes les 2 à 3H de jeux. Ces crashs intempestifs ne constituent cependant pas les plus gros défauts du jeu. En effet, pendant toute la campagne de promotion, The Creative Assembly a montré des screens plus magnifique les uns que les autres. Le détail obtenu était tout simplement ahurissant pour un jeu de stratégie sur ordinateur. Evidemment, les joueurs PC habitués savent qu’ils ne pourront jamais jouer avec un tel niveau de détail (à moins qu’ils aient une grosse …. Configuration). Mais là où le bat blesse, c’est qu’en réalité, même avec une machine plus que correct le jeu tourne mal, très mal, et même plus mal que Shogun 2 qui est lui sorti en 2011 ! Il est tout à fait légitime de se demander en quoi il était utile de changer de moteur graphique (Shogun 2 restant une merveille graphique sur la plupart des ordinateurs). Il est clairement stupide d’accorder autant d’importance à l’aspect technique, d’autant plus sur un STR. Mais il faut avouer que lorsque l’on vous promet une bombe visuelle et que vous vous retrouvez avec le cageot du dimanche, il y a de quoi avoir un goût très amer dans la bouche …

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En conclusion, je pense que ce Total War va diviser la communauté. Tout d’abord parce que va se sentir trahie pour l’aspect technique. Mais aussi parce que malgré toutes les promesses, il y a un gout d’inachevé. En contrepartie, jamais un Total War n’a été aussi complet, que ce soit en termes de contenu ou d’options stratégiques. Je paris  ma main à couper que dans 2 ans ce jeu sera une référence, dans la mesure ou n’importe quelle ordinateur pourra offrir la pépite technologique longtemps promise. En attendant, les plus adeptes continueront à passer plusieurs journées et nuits sur ce jeu dont le concept reste fabuleux.

Notre 4/5

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